Rio de nuit

Après le froid de Montreal, nous vous amenons sous le soleil de Rio de Janeiro. Son Christ Rédempteur, sa mythique Copa Cabana, ses tangas… STOP. Si c’est le Rio calibré carte postale que vous cherchez, je vous invite à passer votre chemin. C’est dans le Rio des vrais cariocas qu’on va vous emmener ici, hors des sentiers battus et loin des boîtes touristiques bondées.


Les cariocas sont de véritables oiseaux de nuit. Les jeunes ne sortent pas avant 23h et la fête dure jusqu’à l’aube. Pour commencer les hostilités, laissez-vous entraîner dans la fièvre d’un Baile Black (prononcer “baïlé blacki”, littéralement “danse noire”) de la Pedra do Sal dans le quartier de Gamboa. Ce lieu est d’abord insolite par sa forme : une petite colline surplombe la place de la Pedra do Sal, qui fait office de scène. Le large escalier qui vous mène en bas devient alors un parfait amphithéâtre improvisé. Mais ne vous imaginez pas que vous aurez de la place pour vous asseoir, la place est pleine à craquer, et on vient ici pour se trémousser, pas pour regarder béatement à l’européenne. D’énormes baffles sont disposées de manière anarchique autour des MC’s et crachent un son agressif d’une qualité qui laisse à désirer à un volume à faire saigner les oreilles d’un sourd. Mais c’est ça le Brésil, toujours dans l’excès ! Le spectacle est vraiment génial : les MC’s rapent et chantent des morceaux d'anthologie (allant de Dr. Dre à Beyoncé en passant par Bruno Mars) revisités à la sauce brésilienne, bien sûr ! Le beat électronique lourd se mêle à la performance live du batteur et des cuivres. L’ambiance est bon enfant, des petits stands vendent des bières fraîches, salvatrices dans la chaleur étouffante, l’on échange quelques paroles ou pas de danse avec ses voisins, on fait connaissance. Le peu de touristes présents, bien qu’accueillis avec bienveillance, fait du Baile Black un événement authentique et une parfaite entrée en matière dans la nuit carioca. Ces rendez-vous sont organisés régulièrement, une ou deux fois par mois peut-être. Le mieux pour s’informer reste de chercher l’événement sur Facebook.



Énergie, proximité et convivialité


Les brésiliens sont très chaleureux et curieux, il vous sera très facile d’entrer en contact et de vous faire des compères d’une nuit ou de véritables amis. Ils ne manqueront pas de mentionner au cours de la soirée les fameux Bailé Funk (Baïlé Foungki), un style de musique spécifique à Rio qui est né dans les années 90 au sein des favelas bordant la ville. Loin du funk de James Brown, la version carioca est une musique électronique au rythme chaloupé. Ça se danse très serré, un peu à la manière du reggaetón, mais en beaucoup plus évocateur. Si cette danse est vue comme sensuelle par certains, d’autres la trouve vulgaire et elle aura tendance à choquer des voyageurs fraîchement débarqués.


Si on peut aujourd’hui trouver ce type de musique dans les boîtes du centre-ville, l’idéal sera de vous rendre dans une “favela pacifiée” (terme officiel mais très controversé) pour une expérience plus authentique. On vous conseille de vous y rendre avec un guide. Préférez un résident de la favela plutôt que les tours organisés par des entreprises à but purement lucratif. Le site Rocinhabyrocinha propose des visites très intéressantes de jour comme de nuit.


Après de telles sensations fortes, vous aurez sans doute envie de flâner dans le quartier de Lapa en sirotant un verre de la traditionnelle caïpirinha que vous trouverez en vente tous les 20 mètres. Lapa, c’est un peu la rue de la soif de Rio : des bars de de tous les côtés, la rue est bondée, des couples dansent la samba sur les trottoirs ou à même la chaussée, d’autres se regroupent autour d’une guitare et de quelques percussions. Vous pourrez passer à la Casa da Cachaça, un petit bar pittoresque à la fin de la rue pour goûter aux mélanges les plus dingues à base de l’alcool typique du Brésil. Enfin, en cas de petit creux, des botecos, gargotes brésiliennes, sont ouverts jusqu’à tôt le matin. Ici la fête ne s’arrêtera qu’aux aurores.


Image à la une : Higor de Padua Vieira Neto